• Alors que la ville n’est pas encore baignée dans l’orange consolant les cauchemars des dormeurs agités, pendant que les lampadaires accompagnent de leurs rayons artificiels mes déambulations incessantes, mon regard croise finalement celui de la lune jalouse. La diablesse rendue rousse sous l’effet de Mars n’en ai que davantage attirante, je me mets à renier ma nature diurne :

    « toi hier si laiteuse te voilà toute ensanglantée. J’étais comme toi il y a peu, l’imbécile égoïste a déchiré mon être, désormais ça et là, en lambeaux de chaires maladroitement raccommodés, j’arpente ces rues que je ne connais que trop… belle magicienne, je ne sais de quel puissant philtre tu uses ainsi, mais je t’en suis reconnaissante, le sommeil pèse sur l’impie et m’a permis de fuir vers toi.

    - si puissant soit-il, je constate que tes paupières demeurent ouvertes, que ton esprit ne communie pas avec le monde onirique…

    - il n’existe pour moi aucune dissension entre le monde onirique et le monde réel, dormir ne fut d’abord qu’une aide biologique dont l’acceptation générale a été rendue obligatoire afin que tous ceux qui ont perverti leur faculté créatrice en scindant, puissent redécouvrir la saveur des délices de Morphée de manière cyclique obviant ainsi les cas graves de carence. Pourtant, en considérant cette législation naturelle, je crains ne plus pouvoir jouir encore longtemps de l’excitant statut d’hors la loi. Les récents événements qui me rapprochent en ce moment de toi semblent avoir dérobé mon enfance.

    Quelle folie d’aimer les ombres, quoiqu’en ces périodes ensoleillées cela se comprend.


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